Rapport

( From Public Records Office,
No. WO-1-79, Kew, England )

Fait par le Chef de l'Etat Major de l'Armée, à Monseigneur le Président et Généralissimo des forces de terre et de mer de l'Etat d'Haïti, sur la Campagne du mois de September, faisant suite à celle de la prise du Port-de-Paix.

Aprés la brillante campagne du Port-de-Paix, la maladie de Monseigneur le Président avait suspendu l'entière réduction des rebelles de cette partie; quelques instans de plus le révolté Lamarre, fugitif dans les bois, tombait immanquablement au pouvoir de nos troupes, ou était réduit à se rembarquer honteusement avec les débris de sa bande de révoltés, vomis sur le territoire de cet arrondissement.

Pendant l'absence de Monseigneur le Président, les opérations de l'armée ne furent point continuées avec la même vigueur; l'on se borna à garder la ville du Port-de-Paix, et cette horde de rebelles eut le temps de respirer. L'infâme Lamarre, attiré par l'appât du pillage, profite de cet instant pour augmenter ses vols, avant de quitter les malheureux qu'il a entrainés dans l'abîme; il rallie ses complices, et va occuper la position connue sous le nom de Démaho, à quelques lieues du Port-de-Paix, afin de couvrir le quartier de Jean-Rabel, d'ou il tirait de grandes ressources en tafia, fabriqué dans une manufacture qui existe en cet endroit; on lui en envoyait journellement une quantité, pour penser, disait - il, ses blessés, et il s'abreuvait avec avidité de cette boisson, dont il fait son dieu favori.

L'on fit une tentative pour le chasser de cette position; mais cette attaque n'ayant pas été exécutée avec tout l'ensemble nécessaire, il s'y maintenait encore.

Monseigneur le Président, à peine relevé de sa maladie et quoique dans un état de convalescence, partit de sa bonne ville du Cap, le 5 Septembre au matin, avec son état major, et alla coucher au Borgne.

Le 6, il se'mit en route du Borgne, et entra vers l'aprés-midi au Port-de-Paix, où toutés les troupes réunies firent éclater, en sa présence, ces mouvements d'alégresses et de joie, gages fidèles de la confiance et de l'amour du soldat, et presages heureux de la victoire; il passa l'armée en revue, et donna ses ordres pour le départ.

Le même jour, le maréchal de camp Etienne Magny, qui avait reçu l'ordre de s'acheminer du Gros-Morne, fit jonction avec les corps réunis de l'aile droite de la grande armée, et entra au Port-de-Paix avec le 14e régiment, apres s'êtré emparé du Calvaire, montagne du Port-de-Paix, et avoir culbuté et dispersé les partis des révoltés qu'il a trouvé sur sa route.

Monseigneur le Président donna le commandement de l'armée à S. E. le lieutenant général Toussaint Brave, vu la maladie du lieutenant général Paul Romain.

Le 7, le Président diyisa l'armée en trois colonnes, qu'il confia à S. E. le lieutenant général Brave, et aux maréchaux de camp Martial Besse et Etienne Magny.

La colonne du général Brave était composée d'une compagnie d'artillerie, de deux bataillons du 5e régiment, deux bataillons du 6e et un bataillon du 28e.

Celle du maréchal de camp Besse était formée de deux bataillons du 2e régiment et deux du 27e.

Et le maréchal de camp Magny avait le 14e régiment, un bataillon du 28e, un bataillon du 29e, et deux escadrons de cavalerie du 2e régiment, sous ses ordres.

Monseigneur le Président laissa pour la garnison du Port-de-Paix, deux bataillons du 1er régiment et le 3e escadron du 2e régiment de cavalerie, sous les ordres du brigadier des armées Gerard, à qui il confia le commandement de cette place.

Ces dispositions faites, le 8 au matin, les colonnes du lieutenant général Brave et du maréchal de camp Besse, se mirent en marche ponr aller chasser les révoltés et s'emparer de la position de Démaho, située dans les montagnes du Moustique, où les révoltés avaient eu le temps de se retrancher avec avantage. Ce camp, fortifié par la nature, entouré de bois, de fossés et de ravines, assis sur le crête de l'habitation Démaho, était protégé par plusieurs avantpostes et embuscados que les révoltés avaient placés pour en rendre l'approche encore plus difficile.

Le colonne du maréchal de camp Magney se porta au bas du camp Démaho, pres la rivière, pour couper la retraite à l'ennèmi.

Monseigneur le Président ne trouvant pas de position favorable pour placer les batteries ordonna au maréchal de camp Besse et au colonel Jason, du 2e régiment, qui commandaient l'avant-gàrde, de s'emparer d'un poste à portée de pistolet du camp de Démaho, qui était aussi bastingué. Ce poste fut enlevé à la baïonnette, et telle était l'ardeur et l'intrépidité de nos troupes, animées par la présence du Président, qu'elles escaladèrent les remparts, culbutèrent les révoltés, et les contraignirent de se renfermer dans leur camp de Démaho. En vain l'ennemi s'efforça-t-il de reprendre cette position, il fut toujours reçu par un feu de peloton, tiré presque à bout portant, et obligé de regagner, en desordre, son repaire, laissant ses morts partout sur son chemin. Le maréchal de camp Besse et l'intrépide colonel Jason, ont montrés dans cette affaire un courage et une fermeté rares.

Le reste de la journée du 8 fut employée à se retrancher dans la position conquise, et à établir une batterie pour foudroyer les rebelles.

Le 9 après-midi, les differens ouvrages étant achevés, et les canons, mortiers et obusiers, mis en batterie, le Président ordonna au commandant d'artillerie Ambroise, de canonner les révoltés; ce qui fut effectue sur les cinq heures du soir. Les rebelles profitèrent de l'obscurite de la nuit et d'un fort grain de pluie, évacuèrent honteusement le fort de Démaho, laissant leurs morts, leurs blessés et leurs fusils sur la place, et se sauvérent, dans le plus grand désordre, par des chemins impraticables.

Le 10, le lieutenant général Brave les poursuivit, et fit quelques prisonniers.

Monseigneur le Président fit brûler le camp de Démaho, ordonna au lieutenant général Brave et au maréchal de camp Magny de poursuivre l'ennemi, et descendit sur l'habitation Lacorne.

Le 11, Monseigneur le Président, avec l'aile droite de l'armée, se mit en marche, et arriva a deux heures au lieu dit le Cabaret, sur la route de Jean-Rabel, et fit halte, en espérant le lieutenant général Brave et la maréchal de camp Magny. Le soir, un Officier envoyé por le lieutenant général Brave, informa Monseigneur que les révoltés s'étaient ralliés sur l'habitation Fouéson, au Moustique, et qu'ils occupaients trois positions bastinguées, sur le sommet de trois mornes.

Le 12 au matin, le Président donna ordre au maréchal de camp Besse de partir avec l'aile droite de l'armée et l'artillerie, pour aller au Moustique chasser les révoltés de la position de Fouéson, et faire jonction avec le lieutenant général Brave et le maréchal de camp Magny. Monseigneur le Président voulant reconnaître par lui-même les positions de l'ennemi, pour faire ses dispositions, devança l'armée accompagné de son état major seulement, il tomba dans une embuscade qui fit feu sur lui. Son aide de camp le lieutenant colonel Célestin Cap, reçut une balle froide dans le sein gauche; une autre balle átteignit au talon le commissaire des guerres Dessalines. Monseigneur le Président, n'en continua pas moins sa marche, et arriva sur l'habitation Fouéson, où il se réunit au lieutenant général Brave et au maréchal de camp Magny. Il ordonna au Maréchal de lever cette embuscade; ce qui fut exécuté de suite par un détachement du 14e.

Vers les cinq heures de l'après - midi, dans la même journée, toute l'armée prit position chez Fouéson, sous le feu des révoltés. Les canons furent aussitôt pointés contre eux; deux seul coups suffirent pour faire taire leur feu. Dans la nuit il se fit un grand silence de leur côté; ce qui fit croire, avec raison, qu'ils étaient à même d'évacuer leur position. Monseigneur le Président donna ordre au maréchal de camp Magny d'envoyer le 14e s'en emparer; ce que ce régiment exécuta la nuit même.

Le 13, l'armée brûla les positions des révoltés. Le lieutenant général Brave et le maréchal de camp Magny, reçurent l'ordre dè se mettre à leur poursuite. Le train d'artillerie defila pour le poste du Cabaret avec le 5e régiment, qui eut l'ordre d'attendre l'armée en cet endroit.

Vers les dix heures du matin, l'on entendit une fusillade du côté de l'habitation Jacques Terrien, limitrophe du Moustique et du Port-à-Piment; le feu ne discontinuant point, le Président se mit en marche avec ses gardes et la colonne sous les ordres du maréchal de camp Besse, et fit jonction à trois heures avec le lieutenant général Brave et le maréchal de camp Magny. Il reconnut de suite la position des révoltés, et ordonna l'assaut sur deux colonnes; la premiére prenant les révoltés en face, était commandée par l'intrépide Jason; et la seconde, sous les ordres du général Magny, les attaquait sur le flanc de gauche. Le signal donné, nos troupes, sous le feu de la mousqueterie et au milieu d'une grêle de balles, gravirent la position tres-elevée où étaient postés les révoltés, les en chassérent, et les poursuivirent dans les bois. Monseigneur le Président lui-même, à la tête de son état major, chargea les révoltés, malgre l'elévation du lieu. Cette affaire fait le plus grand honneur à nos troupes. Le colonel Jason s'y est distingué comme à son ordinaire. Le révolté Lamarre fut encore mis en pleine déroute, et sans les précipices de plus de cent pieds de profondeur, qui les favorisaient, il ne se serait pas échappé un seul révolté; ce qui determina le Président à faire discontinuer la poursuite. L'inégalité du terrein les favorisait si fort, que la cavalerie ne put donner; elle resta spectatrice du combat.

Le 14, Monseigneur le Président ordonna au maréchal de camp Magny, de faire fouiller les bois par le 14e régiment et de s'en retourner au Gros-Morne, après avoir terminé cette opération. Le Président détacha le maréchal de camp Besse, à la poursuite des révoltés, du côté du Port-à-Piment , pour lui, il reprit, avec ses gardes et le corps de la grande armée, sous les ordres du général Brave, la route de Jean-Rabel, et vint coucher au poste du Cabaret. Le maréchal de camp Besse, aprés avoir vigoureusement poursuivi les révoltés, sans pouvoir les atteindre, fit jonction, dans la nuit, avec le corps de l'armée.

Le 15, l'armée se mit en marche pour Jean-Rabel; mais vers les deux heures, arrivée près de l'habitation Sauval, elle essuya le feu d'une embuscade des révoltés; deux coups de canon les mirent en deroute; la cavalerie les chargea dans le grand chemin; et les poursuivit justqu'a Jean-Rabel, sur l'habitation Foache; une partie s'enfuit en desordre dans les bois. Nous trouvâmes le bourg de Jean-Rabel evacue. Les révoltés s'etant retires dans un fort qui domine ce bourg, et où ils avaient une pièce de 18 montée, nous tirèrent quelques coups de canon. Le Président ordonna de s'emparer d'une position pour battre ce fort, et descendit sur l'habitation Foache, sur laquelle il établit son quartier général. Vers les cinq heurés de l'après-midi, il ordonna de cerner les révoltés; ceux ci n'attendirent pas l'arrivée de nos troupes; ils se sauvèrent avec preçipitation, abandonnan avec leur fort la piè de canon.

Le 16, Monseigneur le Président donna ordre au lieutenant général Brave et a l'intrepidé Jason, de poursuivre les révoltés par toute la montagne de Jean-Rabel. Après les avoir poursuivi sans relâche jusqu'au Môle, sans avoir pu les joindre, ni obtenir, par les prisonniers qu'il a faits, aucune nouvelle du lâche Lamarre, le Président désespérant de pouvoir rencontrer cet ivrogne (tant il est agile à la course, franchissant montagnes, precipices, bois, epines, rien ne pouvant l'arrêter, egalant dans sa fuite la vitesse du cerf) ordonna le retour de l'armée au Port-de-Paix, pour faire reposer ses troupes, et être à même de se porter partout où il jugerait sa présence necessaire, et rentra le 21 en cette ville.

Monseigneur s'empresse de temoigner aux braves troupes de toutes armes composans l'aile droite de la grande armée, ses felicitations sur le zèle, le courage et la valeur qu'elles ont déployées pendant tout le cours de cette campagne. Le 1e régiment, le 2e, le 5e, le 6e, le 14e, le 27e, le bataillons du 28e le 29e et le 2e régiment de cavalerie, et la compagnie d'artillerie, ont tous rivelisés de gloire, se sont distingues les uns à l'envie des autres, et ont remplis l'espoir de Monseigneurs.

Le premier soin de Monseigneur, au Port-de-Paix, a été de venir au secours des infortunés militaires malades et blessés, en leur procurant les commodités et les soins que l'état de ces défenseurs de la patrie exige.

Il voit avec plaisir les heureux effets de sa présence; tous les coeurs volent au-devant de lui; le malheureux cultivateur détrompé, rentre plaisiblement dans ses foyers, et se livre à ses travaux agricoles.

Le lieutenant général Jean-Philippe Daux vint ajouter, à tant d'exploits, la nouvelle satisfaisante de la déroute complète des révoltés du Port-aux-Crimes, qui avaient eu l'audace d'attaquer son cordon. Les rebelles ont été vigoureusement poursuivi, et ont laissés le chemin couvert de morts, de blessés, et tout leur bagage. Plus de 300 fusils et 15 caisses ou tambours sont tombés au pouvoir de nos troupes. Le fameux Bonnet, qui commandait cette incursion, a été oblige, pour sauver ses jours, d'abandonner son cheval, et de se refugier dans le bois, à l'exemple de l'infâme Petion, dans sa déroute de Sibert. Les révoltés, dans leur fuite, ont déchirés et jetés leurs drapeaux. Nous avons fait 80 prisonniers.

D'après le compte avantageux rendu par le lieutenant général Daux, les troupes de la province de l'Ouest ayant rivalisés de bravoure avec celles du Nord, Monseigneur accorde le tribut de ses justes eloges au lieutenant général Daux, aux braves maréchaux de camp Pierre Toussaint et Cottereau, au colonel Pierre Michel, au lieutenant colonel Paul Brossard; enfin à tous les Officiers, Sous-Officiers et Soldats des 4e, 7e, 8e, et 20e régimens d'infanterie, qui se sont couverts de gloire dans la journée mémorable du 20 September, où huitbataillons en ont battus vingt-un de ceux des révoltés, encore retranchés, et ayant les positions les plus avantageuses.

Monseigneur donne les mêmes éloges au colonel Jean-François Chubasse, qui a aussi battu et chassés les révoltés dans la montagne de Saint-Marc, et les a empêchés de pénétrer dans ses montagues. Ce brave Officier est connu depuis long-temps par sa bravoure, son amour de son pays, et la manière dont il a toujours su déjouer les projets des partisans de la faction de Rigaud.

Le colonel Barthelemi, du 1er régiment de cavalerie, et le colonel Jean-Louis Longueval, du 4e régiment, sont mort au champ d'honneur, et emportent les regrets du Président, et de leurs Corps, dont ils etaient l'idole.

Croira-t-on, après l'exposé des opérations ci-dessus, qué les révoltés pretendent encore, par une audace insigne, tromper les malheureux qu'ils tiennent dans leurs filets, en leur annonçant des victoires lorsque leurs troupes sont vaincues et en déroute de toutes parts. Tant il est vrai que le crime aux abois n'a d'autres ressoures que la calomnie et le mensonge pour retenir dans sa dependance les tristes victimes que les circonstances ont placés sous son empire.

Tandis que l'ivrogne Lamarre fuit dans les bois comme un daim timide deyant le chasseur qui le presse, qu'il erre de précipice en précipice, poursuivi per l'armée victorieuse de Monseigneur le Président, ne trouvant pas un coin qù reposer un instant sa tête, il a l'impudence d'ecrire à son complice Petion, qu'il a remporté une victoire. Et cet avorton militaire, ce Bonnet, qui obligé, ainsi que Petion et ses Généraux, dans la bataille de Sibert, d'arracher les décorations du grade dont il se pretend revêtu, et de se sauver par les montagnes, laissant son armée à la merci du lieutenant général Daux, abandonnant armes , bagages, et plus 80 prisonniers, à l'armée commandée par ce General, est annonce comme ayant obtenu des succès complets.

Rien ne prouve plus clairement l'insuffisance des moyens du traître Petion et de sa tout be avide, queles efforts qu'ils font pour soutenir leur odieux parti, en annonçant officiellement dans la Gazette du Port-aux-Crimes les mensonges les plus avêrés. Ils pensent à la difficulte de leur position; ils voyent l'abîme ouvert sous leurs pas, et s'y sentent entraînês de jour en jour; aucun moyen ne leur répugne pour se maintenir, quelques instans de plus sur la trône êlevé par leur aveugle orgueil; mais c'est en vain qu'ils s'agitent en tant de manière diverses, l'épée vengeresse est suspendue sur leurs têtes coupables. Les victimes qu'ils conduisent avec tant d'acharnement aux combats et à la mort, dont ils se plaisent à voir couler le sang, se lasseront à la fin d'être le jouet de leur ambition; elles reconnaîtront en eux les véritables ennemis de leur liberté et de leur existence; et déjà le soulèvement manifesté depuis Jérémie jusqu'à Léogane, doit leur annoncer que leur règne touche à sa fin, et que le moment de leur chute est arrivé.

Le sort de leur maître Rigaud devait cependant leur avoir appris qu'ils n'ont qu'une puissance momentanée à exercer; mais l'ambition et la cupidité les aveuglent et les poussent à leur perte. Leur insatiable avarice n'est pas encore assouvie. Maisqu'ils tremblent, les misérables qu'ils sont! La victoite, fidèle aux armes de Monseigneur le Président, l'áccompagnera toujours; si sa volonté d'épargner le sang haïtien, si sa modération au milieu des succès, retiennent jusqu'à ce moment sa vengeance; qu'ils tremblent de lasser sa trop longue patience! Nos troupes, partout victorieuses, n'attendent que le signal pour voler à de nouvelles victoires, cueillir de nouveaux lauriers, et mettre fin à cette lutte inégale.

Fait au quartier général du Port-de-Paix, le 1er Octobre 1807, l'an quatre de l'indépendance.

En l'absence du Général chef de l'Etat Major, Le Brigadier des Armée attaché audit Etat Major, J. H. RAPHAEL.

Vu et approuvé pour étre imprimé, HENRY CHRISTOPHE

Au Cap, chez P.Roux, imprimeur de l'Etat.


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